Sous l'arbre Bodhi

Sous l'arbre Bodhi

Mon voyage vers la sérénité

 

 

 

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Ce livre n'a pas pour ambition d'être un traité de philosophie bouddhiste, je laisse à des spécialistes le soin d'en parler beaucoup mieux que moi, forts d'expériences, et d'un savoir unique que je ne possède pas.

 

Ce recueil, je l'ai écrit pour des amis qui souffrent. Il est volontairement court, il s'appuie sur des raisonnements simples, acquis au cours de nombreuses lectures. Il s'est nourri d'une très modeste expérience.

 

La trame est venue un soir d'hiver, très rapidement, dans une sorte d'écriture automatique.

Le contenu ressemble volontairement à des idées éparses qu'on peut retrouver facilement, relire et s 'approprier.

 

Comme j'ignorais quoi faire de mes dessins, (certains remontaient à l'enfance), il m'est venue l'idée de les utiliser comme base, de les relier, et de les offrir.

 

L'idée du recueil, d'étayer les idées, et de les développer, est venue bien plus tard.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

« Nul ne peut autant nous aider  que la compassion de nos propres  pensées. »

 

Bouddha

 

 

 

 

Dans tout voyage, il faut s'orienter, et choisir ses points d'encrage. 

J'en ai retenu quatre, quatre comme les quatre points cardinaux.

 

 

 

D'abord reconnaître que l'insatisfaction conduit à la souffrance.

 

 

 

Ensuite ne compter que sur soi-même pour accéder au bonheur : Bouddha a dit : Soyez à vous-même votre propre lampe ». Nous n'en serons que plus rayonnants pour les autres.

 

 

 

Etre heureux nécessite une application quotidienne, Il faut recommencer sans cesse comme si c'était la première fois, faire preuve d'empathie, de compassion, apporter du bonheur aux autres. Ce bonheur là, le bonheur des autres, c'est aussi le nôtre.

 

 

 

Et enfin, savoir, intégrer pour toujours : « si longue que soit une nuit d'hiver, le soleil la suit ». C'est à la sagesse touareg que l'on doit ce formidable adage qui nous impose en toute circonstance, optimisme et patience.

 

 

Avant de développer chaque point, il est nécessaire de rappeler à quel point la sérénité qui procure le bonheur est une quête défiant le temps.

 

A chaque grande période de notre histoire, les philosophes se sont portés à son chevet.

 

Dans diverses langues, Frédéric Lenoir précise que l'étymologie du mot « bonheur » est souvent liée à « la chance ».

 

C'est là que la philosophie bouddhiste apporte un raisonnement élargi : chance ou pas chance, quels que soient les aptitudes qui nous ont été donnés à la naissance, l'important est de les connaître, de les apprivoiser, de les faire fleurir et fructifier.

 

 

 

Epicure disait : « Il faut méditer sur ce qui procure le bonheur, puisque lui présent, nous avons tout, (impression de plénitude) et lui absent, nous faisons tout pour l'avoir »Il part du constat que notre malheur réside souvent dans une insatisfaction démesurée et permanente. Il classe nos désirs selon qu'ils sont nécessaires ou pas, précisant que les premiers sont plus faciles à atteindre que les seconds.Il est important de chercher à relier la philosophie orientale, et celle qui fut à la base de notre culture européenne : la philosophie grecque. Etablir un pont entre elles, c'est prendre conscience du caractère universel de la quête qui mobilise tous les êtres vivants sur cette terre.

 

 

 

 

 

 

 

Chapitre 1 : L'insatisfaction conduit à la souffrance

 

 

 

 

 

 

 

Celui qui désire tout le temps ne sera jamais vraiment heureux, car il est toujours dans l'insatisfaction.

 

Le matérialiste apaise une soif qui, une fois étanchée, renaît.

 

En fait, « le vrai bonheur coûte peu » disait Chateaubriand dans les mémoires d'Outre-tombe.

 

 

 

« Accumuler n'est pas réaliser ». (6)Je suis frappée par ce qu'on peut parfois acquérir dans une vie. Surtout par ces chambres d'enfant, remplies de jouets abandonnés, du sol au plafond. « Société de consommation » expliquons-nous, je devrais dire « justifions-nous », alors que rien ne le justifie.

 

 

 

Qui nous oblige à acheter ? L'enfant ? C'est l'excuse qui arrange. Acheter est bien plus facile qu'expliquer, éduquer, faire prendre conscience de l'inutilité et de la valeur des choses.

 

 

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Pour en arriver à de telles extrémités, il faut acheter un jouet chaque fois qu'on sort se fournir en produits alimentaires. C'est faire fonctionner à plein le principe du super-marché, mais qui vous oblige à passer dans tous les rayons y compris celui des jouets ? Si votre enfant réclame c'est qu'il y va régulièrement, c'est qu'il a l'habitude d'obtenir. Avant d'acheter, prenons toujours conscience qu'il s'agit parfois plus d'une pulsion liée au manque que d'un besoin. Si c'est une pulsion, analysons-la : cherchons d'où elle provient, quelle est sa signification ? En étudiant notre fonctionnement, des éclairages, des pistes nourriront notre conscience et l'éveilleront.

Beaucoup de parents croient que l'amour qu'ils portent à leur enfant se mesure à la quantité de jouets achetés dans une année : « on le gâte, que voulez-vous ? ». Oui, on le gâte, on l’abîme…

L'enfant est alors dans l'insatisfaction permanente pour le restant de ses jours : on ne le rend pas heureux. Il ne pourra l'être que s'il prend conscience plus tard des méfaits du matérialisme, de la consommation irraisonnée. Mais c'est bien plus tard…

 

 

 

Pour autant, faut-il se priver de tout ? Suis-je pour remplacer notre vie de dépenses outrancières par une vie monacale ? Non, bien sûr.

 

Le soin apporté à son corps, les vêtements, le maquillage, les bijoux, restent de magnifiques artifices matérialistes qui procurent un plaisir immédiat, une jouissance précieuse. C'est le cas des personnes malades à qui on redonne un peu de vitalité en leur offrant la possibilité de se faire coiffer sur les lieux de soin : hôpitaux, maisons de convalescence ou de rééducation…

Prendre soin de soi, c'est aussi s'aimer, avoir de l'estime pour son enveloppe corporelle, se respecter.

On peut jouir de ces inutilités à condition de leur accorder leur vraie place : à savoir leur caractère fugitif, éphémère et superficiel, à condition qu'elles ne prennent pas le pas sur ce qui est important.

Certaines personnes glissent peu à peu, par goût, vers ces futilités pour en faire une raison de vivre, pour combler le vide de leur existence.

Il suffit parfois d'une prise de conscience qui agit comme un miroir pour trouver une voie à sa vie, et oublier toutes les inutilités qui la comblaient auparavant.

 

Combien de ces futilités offrent un bonheur qui perdure dans le temps ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La clef du bonheur réside en fait dans l'équilibre, la maîtrise de soi, la modération dans les jouissances. L'excessif n'est pas heureux, il se détruit, et détruit son entourage : il faut tenir les rênes de son esprit pour trouver le bonheur et la sérénité.

 

 

 

Il n'est ni dans l'austérité, ni dans l'ascétisme, ni dans l'exubérance mais dans la voie médiane de la simplicité.

 

Il n'est ni dans la conquête, ni dans l'ambition mais dans la modération.

 

Voltaire disait très justement : « Qui borne ses désirs est toujours assez riche. »

 

On vante très souvent les mérites des ambitieux et on considère l'ambition comme une qualité, car elle procure l’ascension sociale. Je l'ai toujours considérée au contraire comme une futilité, une superficialité. Elle peut déboucher sur des aspirations de luxe, et détourner de la sagesse.

 

 

 

Il n'est pas nécessaire d'accomplir de grandes choses sauf si ces choses sont au service des autres. Ces soignants en Afrique qui se confrontent à Ebola n'ont d'autre ambition que celle de soulager la souffrance, de lutter contre l'injustice. Ils accomplissent de « grandes choses », mais ce n'est pas cet exemple-là qu'on vous montrera comme exemple de réussite.

 

On vous montrera ce riche patron d'entreprise, énième fortune de France, entre sa piscine, et son terrain de tennis.

 

 

 

Pourquoi les jeunes gens rêvent-ils d'être chanteurs ? Mannequins ou footballeurs professionnels ? Parce que les magazines sont plein d'exemples de personnes qui « réussissent » ainsi : qui étalent une richesse le plus souvent éphémère, qui trompent, et frustre notre jeunesse en quête de vie facile et d'artifices.

 

 

 

On ne montre pas les suicides, les maladies mentales comme l'anorexie ou la boulimie, une fois le rêve passé, ces jeunes africains jetés de leur club, celui-là même qu'on leur a fait miroiter quelques mois plus tôt, à la rue, et malheureux d'avoir été trompés, exploités.

 

La droiture, la maîtrise de soi, l'amour que l'on porte aux autres, la simplicité, c'est le bonheur.

 

 

 

Une fois éliminés convoitise et frustration, on retrouve le vrai chemin : celui qui permet de jouir du bonheur des autres.

 

Beaucoup pensent qu'avoir une belle maison, un bon compte en banque sont les clefs du bonheur. Vous entendez souvent dire : « L'argent ne fait pas le bonheur, mais il y contribue ». Pas sûr ! Il faut pouvoir vivre d'un labeur quel qu'il soit et le bonheur réside dans ce que l'on fait de cet argent, pas de l'argent lui même.

 

 

 

« En courant toute sa vie après des buts mondains, le plaisir, le gain, les louanges, la renommée, etc, on gaspille son temps, tel un pêcheur qui jetterait ses filets dans une rivière à sec. Ne l'oubliez pas et veillez à ce que votre vie ne s'épuise pas en vaines poursuites »

 

Dilgo Khyentsé Rinpotché

 

 

 

La frustration vient souvent de la lutte engagée avec les autres : « Il a ça, je dois moi aussi avoir ça ».

 

Effet de mode ? Regard des autres ?

 

Chez les jeunes, la frustration est quotidienne, car la mode les vampirise totalement.

 

Le jeune est une cible pour la société de consommation, la mode un véritable fléau, un destructeur de bonheur, un outil de déstabilisation, de déshumanisation. Car lorsqu'on suit une mode, on n'est plus soi-même, on oublie sa personnalité au profit d'une uniformisation.

 

A-t-on le droit de jouer ainsi avec leur bonheur ? Assurément non. Mais leur fragilité (ils sont aux prémices de la Connaissance, et en recherche d'estime de soi, en construction…) n'est pas prise en compte. L'argent, les intérêts financiers priment. On est prisonnier d'un tourbillon : celui de la consommation. Et si cette consommation n'est pas assouvie, il y a frustration.

 

Le constat est terrible ! Presque terrifiant.

 

 

 

 

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Chapitre 2 : le bonheur est en soi :

 

 

 

 

 

La mode est une terrible faillite de l'esprit, la face la plus hideuse de la superficialité.

 

Si on suit les modes, on passe à côté de soi-même, or chacun d'entre nous est une création unique et merveilleuse qu'on se doit de connaître.

Il ne faut jamais se comparer aux autres, mais trouver sa propre voie. Se comparer aux autres, c'est s'ouvrir une fois de plus à la frustration.

 

Un grand penseur hindouiste dit très justement :

« Nous ne cessons de mettre en regard ce que nous sommes, et ce que nous devrions être. Cette habitude de nous mesurer toujours à quelque chose ou à quelqu'un est une des principales causes de nos conflits. Pourquoi nous comparons-nous toujours à d'autres ? Si nous ne nous comparons à personne, nous devenons ce que nous sommes. » ( 1)

 

 

Il rejoint en cela Bouddha : « Soyez à vous-même votre propre lampe. »

 

Lorsqu'on est jeune, il est important de passer par une phase de connaissance de soi afin d'apprendre qui on est selon le vieil adage grec que reprend Socrate : « Connais-toi, toi-même ».

Se connaître est en effet un cheminement qui peut conduire à s'apprécier, à prendre confiance en soi. Avoir conscience de ses défauts, c'est mieux les accepter, et pourquoi pas, être mieux armé pour les combattre.

 

 

 

 

 

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La vraie liberté c'est être soi-même, c'est aimer ce que l'on est, progresser dans la connaissance qu'on a de soi, et ainsi pouvoir accéder à la sérénité.

La mode et ce qu'elle a d'attirant, cache assez souvent, une peur de la différence, d'être discriminé, isolé.

C'est si rassurant de faire partie d'une classe, d'un clan ou d'un moule.

Lorsqu'on en prend conscience, on accepte, au risque d'être seul, d'être soi-même. D'ailleurs être seul, n'est ni détenir la vérité, ni être dans l'erreur, c'est être soi tout simplement.

 

Ceux qui voient la mode comme une forme d'expression artistique n'ont pas le même raisonnement. Ils sont alors conscients de jouer avec la futilité, le superflu, le « paraître », l'éphémère, parfois, et gardent raison. Ils se rendent maître d'un accessoire, le personnalisent, se l'approprient, sans pour autant désirer porter ce que tout le monde a.

 

Plaire fait partie de l'estime de soi. C'est un sentiment qui ne s'apparente pas à la superficialité, ni au superflu.

Si on est bien dans sa peau, on émane de soi des ondes positives, et on transmet son bien-être aux autres. Qui n'a jamais rencontré de « belles » personnes dont la beauté, le parfum, le sourire vous transportent dans une sorte d'unité harmonieuse ?

Plaire ou déplaire fait partie de la relation qu'on entretient avec l'autre.

Plaire donne confiance, et cette confiance, vous la transmettez à l'autre, de tout votre être.

Pour transmettre le bonheur aux autres, on doit entretenir son propre bonheur jusqu'à ce qu'il déborde...

 

Il faut garder à l'esprit que forcément, lorsqu'on plaît, on déplaît. Qu'importe !

Celui à qui vous déplairez, vous juge avec son éducation, sa culture, ses valeurs, son ouverture d'esprit.

Il n'est nullement obligé de vous aimer s'il n'en n'a pas les capacités.

De votre côté, plus vous vous libérerez de vos préjugés, de vos conditionnements, de tout ce qui peut influencer vos actes, plus vous irez vers les autres et vers le bonheur.

Le bonheur c'est ne pas juger, c'est accepter l'autre tel qu'il est, avec ses imperfections.

 

 

 

 

 

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Le racisme naît souvent des différences de culture, de valeur, d'une incompréhension. On juge et on méconnaît, la peur engendrée par l'ignorance fait le reste... Il faut toujours au contraire, se montrer curieux pour partager, découvrir un maximum de choses. C'est une démarche qui apporte beaucoup de bonheur à celui qui l'entreprend, car on gagne toujours à la rencontre des autres cultures.

 

Si je devais faire la liste de ce que j'ai appris au contact de ceux qui sont nés loin de mon village, elle serait bien longue !

Non seulement j'ai appris la cuisine, la langue et la civilisation de ces personnes, mais j'ai fait de belles rencontres humaines, noué des amitiés chaleureuses qui m'ont apporté beaucoup de joie et d'ouverture d'esprit. Je me suis construite de ça, nourrie de cet apprentissage.

 

Rien ne peut me rendre plus triste que d'observer dans une cour de récréation des clans ethniques… Ces clans me renvoient ce mal qu'est le sectarisme et d'un coup d'oeil, je me revois, moi au milieu de mes amies africaines, maghrébines et kmers avec la somme des bonheurs que j'y ai gagné.

 

Je suis triste de voir qu'on peut passer à côté d'une telle découverte, d'un tel partage, et de la joie que tout cela procure !

 

Etre heureux se gagne. La « libération » est parfois est un long travail sur soi-même qu'il est nécessaire d'accomplir en commençant par ne pas juger l'Autre.

 

 

 

 

 

Il faut non seulement se libérer des préjugés de son éducation mais aussi lutter contre ses défauts.

 

Montaigne disait fort justement des cannibales : « Je trouve qu'il n'y a rien de barbare et de sauvage en cette nation (…) sinon que chacun appelle « barbarie » ce qui n'est pas de son usage ; comme de vrai il semble que nous n'avons autre mire de la vérité et de la raison que l'exemple et idée des opinions et usances du pays où nous sommes. »

 

Ne pas porter de jugement sur l'autre, ses usages et ses coutumes, et cesser de croire que tout ce que nous faisons est juste et bien : voilà qui rejoint Voltaire, magnifique de sagesse dans son traité sur la tolérance.

 

 

 

Nos défauts ne sont pas forcément du fait de notre nature, mais ils sont parfois le fruit d' »une histoire » : de traumatismes accumulés.

 

 

 

La méditation peut aider à les expliquer et donc à les identifier pour mieux les réprimer ou les affronter.

 

C'est ce qu'on nomme la vision pénétrante qui a pour but de « démasquer les illusions ». Et, par conséquent, « de ne plus être victime des émotions perturbatrices » explique Matthieu Ricard.

 

Nos défauts font notre malheur. Ils nous empêchent d'accéder à la sérénité. Voici des points de départ de ce que pourrait être votre vision pénétrante :

 

 

 

Je suis jaloux : je souffre de ne pas détenir les futilités que possèdent les autres, je souffre d'ignorer ce que mon compagnon ou ma compagne vit sans moi. Et pourtant, il ou elle ne m'appartient pas.

 

Je suis voleur alors que posséder un bien matériel ne me procure aucun bonheur durable.

 

Je suis menteur alors qu'un jour ou l'autre éclatera la vérité.

 

Je dissimule alors que je souffre de ne pouvoir partager.

 

Je trahis alors que je souffre d'avoir perdu la confiance de l'autre.

 

Je suis violent, car je pense ainsi me faire respecter alors que c'est tout le contraire. Gandhi disait très justement : « La non-violence est le summum du courage. »

 

Je suis rancunier, et cette rancœur gâte, altère mes émotions. J'entretiens une blessure qui ainsi ne se referme plus.

 

Je suis égoïste et je perds la joie de regarder le bonheur des autres.

 

« L'homme le plus heureux est celui qui fait le bonheur d'un plus grand nombre d'autres » disait Denis Diderot.

 

 

 

Je n'assume pas mes erreurs, et je reste en permanence dans un bain de frustration où je m'érige en victime. Pendant ce temps, je ne tire aucun bénéfice de mes fautes, ce qui me permettrait d'avancer dans ma vie.

 

Je n'accepte pas l'Autre, ses différences et ses défauts, je souffre de ce fossé que je contribue à creuser entre lui et moi, et il me fait peur.

 

 

 

 

 

La méditation pénétrante ressemble à un tricot en cours de réalisation dont on déferait une à une les mailles afin de repérer les défauts, et qu'on referait patiemment ensuite.

 

On en ressort apaisé, heureux, transformé.

 

 

 

 

Chapitre 3 : l'ouverture aux autres, et au savoir

 

 

 

Comment être heureux dans la compétition, la jalousie, l'avidité, la peur d'avoir à partager, le sentiment d'être agressé, dominé, menacé, dépossédé ?

Le refus de s'ouvrir aux autres, le repli sur soi, empêche d'accéder au bonheur, car celui-ci se trouve dans la capacité que l'on a à se sentir en communion avec tous les endroits de la terre, toutes les formes de vies existantes.

Il est dans la compréhension, la tolérance, le respect de l'Autre.

Aller vers l'Autre, c'est se débarrasser de la peur qu'il inspire : la peur de l'inconnu.

 

L'esprit étroit, obtus, est une prison intérieure. « La peur naît de l'idée égoïste qui consiste à se couper de l'univers » (8)

« Le plus grand ennemi de l'Homme, c'est la peur » : (9) elle entraîne le racisme, le sectarisme, l'obscurantisme, l'homophobie et toutes les discriminations : les pires intolérances de l'Humanité.

Eprouver, vivre avec toutes ces intolérances, est une prison et un empoisonnement. L'esprit s'aigrit, se gâte, pourrit, rétrécit, se dessèche comme un fruit qui se dégrade lentement dans son processus de disparition. Ce qui reste, les résidus racornis, ne sont plus que haine, jalousie et frustration.

Lorsque vous rencontrez une personne comme ça, entourez-la de votre compassion au lieu de la haïr, demandez-vous ce qu'elle véhicule comme souffrance, comme effroi, au point de s'infliger tant de négativité.

Tahar Ben Jelloun dit des prisonniers marocains dans « Cette aveuglante absence de lumière » :

« La plupart de ceux qui sont morts, ne sont pas morts de faim, mais de haine. Avoir la haine diminue. Elle mine de l'intérieur et attaque le système immunitaire »

 

 

 

 

« Je ne veux pas de ces gens-là chez nous », « On n'a déjà pas grand-chose pour vivre, alors avec les aides, ils auront plus que nous » : ainsi entend-on parler des réfugiés...

Comment peut-on dire des choses comme ça ? Qui sommes-nous pour dire ça ? Des empoisonnés, des prisonniers nantis qui se sont fourvoyés, des êtres en proie

 

 

à la souffrance...

Nos appartements, nos maisons regorgent de meubles, de vêtements, nos placards de nourriture, de produits de beauté. On ne manque de rien !

Même si on ne roule pas sur l'or, même si on calcule son budget pour ne pas vivre à découvert, on n'a pas le droit de dire ça.

Comment des personnes de 80 ans et plus qui ont connu les misères de la guerre, et qui ont entassé des tonnes d'objets divers, de meubles ou de livrets de caisse d'épargne depuis la libération, peuvent dire ça ? Ils souffrent de solitude, d'impuissance à trouver en eux de l'amour pour autrui.

Même pauvres, on a plus qu'eux : on vit dans un pays en paix, on touche un salaire ou une indemnité, des aides, une retraite, même minime. On est à l'abri du froid.

Rien ne nous autorise à les rejeter. Des biens, de la nourriture, des vêtements, ça se partage.

Et si on consomme moins : moins de futilités, surtout, pour pouvoir donner un peu plus à celui qui se trouve dans le malheur, en serons-nous pour autant spolié, volé, appauvri ?

 

 

C'est tout le contraire, si on donne, on se trouvera enrichi au centuple.

 

Contrairement au fruit qui pourrit puis se dessèche en suivant un processus irréversible, l'Homme a le pouvoir de faire renaître son esprit par l'introspection, la méditation pénétrante exposée plus avant.

 

Comment ?

 

Que tout le monde ferme les yeux, se concentre sur l'univers qui est le sien, se regarde, ne serait-ce qu'un instant : regarde sa petite existence bien tranquille, son cadre de vie. Ce n'est plus le moment de se plaindre de son salaire, de ce qu'on ne peut pas encore acheter, de ce qu'on souhaite acquérir à tous prix. C'est le moment de s'apercevoir à quel point on est heureux.

 

Mettons-vous juste un instant dans la peau d'un réfugié, qui vivait comme nous il y a encore très peu de temps, imaginons-nous quitter brusquement notre pays, nos affaires, notre maison éventrée par des bombardements, n'avoir que quelques heures devant nous pour faire notre sac, nous jeter sur les routes avec un peu d'argent en poche pour espérer être accueilli quelque part.

 

Voilà, imaginons-nous, juste à leur place, et surtout ne disons pas, que ça ne peut pas nous arriver…

 

Terminons notre méditation en réalisant tout ce qu'on pourrait partager enfin, toute cette superficialité dont nous disposons.

 

 

 

Pourquoi la solidarité ne fait plus recette ?

 

 

 

Que s'est-il passé pour que tout le monde veuille garder jalousement le bien acquis comme si sa vie en dépendait ?

 

Tout bien matériel est pourtant factice, illusion.

 

 

 

Comment a-t-on pu en arriver là ? Est-ce le manque d'amour, ou plutôt la difficulté qu'on éprouve à le trouver, qui nous pousse ainsi à thésauriser les biens matériels ?

 

 

 

Et si c'était possible de faire marche arrière ? De se dire que rien n'a plus de valeur que la solidarité, le partage ?

 

Qu'il faut juste penser autrement : dois-je garder un vêtement, un produit de beauté, parce que le posséder comble un manque ?

 

 

 

 

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Se libérer et s'ouvrir nécessite souvent de s'instruire, car il n'existe pas de plus grande liberté sur terre que celle des mots : ils sont l'envol de nos pensées, leur sublimation.

 

 

 

La connaissance permet de mettre des mots sur les maux, et c'est déjà les guérir. C'est par elle que l'homme élève son esprit en comprenant mieux ses troubles, ses erreurs. C'est par elle qu'on chemine sur sa Voie Personnelle.

 

« Le savoir se situe au plus élevé des rangs » dit un proverbe arabe.

 

 

 

Celui qui abandonne sa quête de connaissance se rend malheureux, car il perd une perspective infinie. La connaissance, c'est une arabesque sans fin, une sorte d'éternité, elle coule comme une eau qui jamais ne s'épuise.

 

 

 

Il n'y a pas de plus grand malheur que l'illettrisme ou l'analphabétisme. Ils emprisonnent l'esprit dans la plus terrible des geôles qui soit.

 

Tous ceux qui ont souffert d'incarcération, d'internement plus ou moins long ont tenté d'écrire pour repousser les murs, les miradors ou bien ont raconté des histoires. Un simple crayon, un livre qu'on lit cent fois, une feuille minuscule ont constitué un salut, une survie, un remède au

désespoir, inégalé.

 

 

 

Apprendre est le souffle de la vie, notre respiration.

 

La plus grande des causes à soutenir dans le monde aujourd'hui est une cause qui ne devrait plus exister en tant que conquête : c'est la scolarisation de tous les enfants sans exception.

 

Hélas, elle passe au second plan lorsqu'il s'agit de se nourrir, de se vêtir, de se soigner ou de se loger.

 

 

 

S'instruire est un rempart contre le totalitarisme, l'exploitation de ses semblables.

 

 

 

 

 

Il n'y a rien de plus beau qu'un livre, car non seulement il est riche par son contenu, son atmosphère, mais il est une porte qui s'ouvre sur un champ infini de pensées.

 

Le contact avec sa couverture, le souvenir qu'il laisse des mois, des années plus tard dans notre mémoire, tout concorde à en faire un objet magique, une sorte de lampe d'Aladin.

 

Lorsque le livre parvient à nourrir l'enfant pauvre, à lui sublimer son quotidien, il lui change aussi sa vie. Il ne le nourrit pas de futilités, mais de perspectives, de portes ouvertes sur la connaissance tel le gône du Chäaba (Azouz Begag) dans son bidonville, lisant un vieux dictionnaire trouvé à la décharge.

 

Azouz Begag avait déjà compris que le savoir le sauverait, il avait compris la vaine recherche de ses camarades dans la société de consommation déversée par les bennes à ordures.

 

Il ramasse le dictionnaire au milieu des immondices, et par là-même donne un sens à sa vie.

 

 

 

 

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Si être heureux se gagne, parfois de haute lutte, être heureux se gagne souvent à deux, car aimer quelqu'un d'autre procure un grand bonheur.

 

Aimer à deux, être heureux à deux, et pour longtemps, est un cheminement hérissé d'ornières mais aussi bâti de ponts qu'il faut franchir, de portes qu'il faut ouvrir.

 

On dispose d'un trousseau de clefs dont on nous a doté à la naissance, à nous de bien les utiliser ensuite à la recherche du bonheur.

 

La première de ces clefs, c'est l'estime de soi : on ne peut vraiment aimer l'Autre qu'en s'aimant soi-même.

Il faut être en paix avec ses propres démons pour s'ouvrir à l'autre. On l'a vu plus haut.

 

La deuxième des clefs, c'est le droit à l'erreur, le droit de recommencer l'expérience chaque fois qu'on s'est trompé à condition de n'en ressentir aucune frustration, aucune amertume, d'assumer ses fautes et d'en tirer des enseignements.

 

La troisième clef c'est de désirer l'autre non pas comme un objet ou un bien matériel, une propriété, mais comme une personne libre.

 

 

 

La quatrième clef, c'est de ne rien exiger de l'autre : « aimer, c'est comprendre et sentir que l'autre est différent ». (10)

 

 

 

La vie à deux, c'est suivre chacun son chemin personnel et en même temps en exploiter les croisements par la réflexion, la discussion et le respect afin de sentir une unité rassurante, une communion de pensée.

 

 

 

On ne doit rien attendre de l'autre mais faire des efforts pour le rencontrer de temps à autre, le croiser sur son propre chemin ou l'accompagner : parcourir une certaine distance avec lui en cas de besoin. L'amour est un partage.

 

 

 

La cinquième et dernière clef consiste à ouvrir la porte sur la sérénité, une fois qu'on a su trouver les quatre précédentes sur le trousseau de la vie.

 

Si on l'a trouvée, c'est qu'on a su donner assez de soi, c'est qu'on a su suffisamment écouter, c'est qu'on n'a rien exigé, rien attendu. C'est qu'on a respecté l'autre pour ce qu'il était et non pour ce qu'on aurait aimé qu'il soit.

 

C'est que les chemins se sont rejoints de temps à autre, assez souvent pour donner à votre grande aventure le nom de « couple ».

 

 

 

En fonction de son histoire, on reprend l'une ou l'autre de ces clefs, car il y a parfois des choses qu'on n'a pas su, pas pu ou pas voulu voir, et qui vous reviennent en pleine figure.

 

 

 

L'important, c'est d'y puiser des forces, des enseignements, pas des frustrations ou de l'amertume. Rien de négatif ne doit vous submerger. Il ne doit rester qu'une belle aventure, parfois des enfants qui sont la preuve que ce que vous avez vécu fut positif et beau.

 

Le pire peut ressortir d'une précédente union lorsque jalousie, rancune et amertume s'y mêlent. S'aigrir, avoir eu le sentiment de perdre des années de sa vie, conserver de la colère au fond de soi fait beaucoup de mal.

 

 

La méditation, là encore aide à retourner un sentiment négatif en quelque chose de positif, l'effort consistant à expliquer, à comprendre l'autre plutôt que de le condamner.

 

Personne ne vit sans amour : on peut partager sa vie avec une entité religieuse, un animal ou la nature, avec tout ce qui rend heureux.

L'essentiel est d'y trouver paix et sérénité.

 

 

 

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Chapitre 4 : après la nuit, le jour...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Entrer en communication avec le bonheur, c'est d'abord se dire qu'il est toujours présent à nos côtés, toujours disponible lorsqu'on le sollicite, car c'est à nous, et à nous seuls de le solliciter.

 

 

 

D'abord, il faut avoir la volonté de le rencontrer, car certaines personnes se complaisent dans le malheur : celui qui souffre s'enferme dans sa souffrance, n'y accepte personne, refuse de la partager avec autrui : il l'aime plus que tout. Elle lui offre des prétextes à la paresse, à la compassion des autres.

 

C'est tellement plus facile de sombrer !

 

 

 

Ce qui est difficile, c'est de s'en écarter au contraire : d'utiliser les forces de son esprit pour réagir à la douleur, lutter contre elle, la repousser.

 

 

 

Etre heureux se veut, se désire : et c'est le chemin le plus difficile… Un proverbe tibétain conseille qu'entre deux chemins, il faut toujours choisir le plus difficile. C'est celui du bonheur.

 

 

 

Chaque fois que l'on éprouve une souffrance, il faut prendre conscience de celle-ci, se dire qu'on ne doit plus s'y adonner, que c'est trop facile… Que vais-je bien pouvoir faire de cette douleur? En prendre le contre-pied , la chasser de mon esprit, mieux : la transformer en bonheur par la méditation.

 

 

 

Il faut toujours avoir à l'idée que ressentir le bonheur ou la détresse est comme la pluie, le vent, la nuit, les saisons : c'est un état passager qui nécessite qu'on le considère tel qu'il est : un état insignifiant, éphémère. Tout problème a sa solution, pour qui sait l'attendre.

 

 

 

Le maître mot est « patience ».

 

Notre société est un monde pressé, en toutes choses : en communication, en information, en réactions, en agissements, en frustrations. Ce monde trépidant, ce tourbillon dans lequel on est poussé, bousculé malgré soi nécessite des pauses, des moments où il faut laisser le temps défiler sans nous.

 

Nous avons besoin de patience dans les moments difficiles.

 

 

Pour s'en convaincre, il suffit de se retourner quelques instants sur un événement douloureux pour s'en convaincre.

 

Sur le moment, cet événement faisait pour vous figure de fin du monde, il était comme une plaie ouverte.

 

Aujourd'hui, comme tout ce que nous vivons, il n'est plus qu'un pincement : la plaie s'est refermée, la cicatrice du souvenir pique de temps à autre, mais le temps a fait son œuvre de cicatrisation.

 

Pour peu que cet événement ait été surestimé, sur l'instant, il n'est plus rien, pire encore, il devient un sujet de dérision.

 

Voici un très joli proverbe persan qui illustre bien les vertus innombrables de la patience :

 

 

 

« La patience est un arbre dont la racine est amère et dont les fruits sont très doux »

 

 

Le bonheur, il est dans la façon que l'on a de regarder autour de soi : il est dans une promenade, une rencontre, une fleur, un paysage, un animal…

 

 

 

Les grands espaces, les natures sauvages sont propices au voyage de l'esprit. Ils sont des lieux de vibrations, d'emportements merveilleux, ils ouvrent l'esprit à l'immatériel. (3) Ils sont propices à la méditation.

 

 

 

Tous les écrivains ont évoqué les forces de la nature en matière d'inspiration, d'introspection :

 

« comme si devant la nudité du désert, on ne pouvait se présenter que dans la nudité de soi-même. » (4)

 

George Sand qui aimait plus que tout son pays du bas Berry disait : » la nature possède le secret du bonheur et nul n'a su le lui ravir. » C'est cette même nature débordante d'amour qui chante le bonheur de Pierre et de Marie dans « La mare au diable ».

 

Et que dire de cette citation de Marguerite Yourcenar : « Et qui s'est adossé à un rocher pour se protéger du vent, qui s'est assis sur un rocher chauffé par le soleil, en y posant les mains pour essayer de capter ces obscures vibrations que nos sens ne perçoivent pas, a bien de la peine à ne pas croire obscurément à l'amitié des pierres. » ? (5)

 

 

 

Tout le monde n'a pas les capacités de capter les âmes des défunts qui continuent de vivre en nous, et dans une dimension autre que la nôtre. Tout le monde n'y croit pas non plus, mais tout le monde peut sentir la joie, le bonheur qui se dégage d'un bel endroit, d'un animal ou d'une personne, d'un objet qu'on aime...

 

Savoir regarder ce que la nature a fait de beau rend heureux.

 

 

Le contact avec un animal procure aussi beaucoup de bonheur. Certaines personnes n'y tiennent pas, n'en éprouvent pas le besoin. Généralement, ce sentiment va de pair avec celui de vouloir s'enfermer, se replier sur soi, et s'accompagne d'un manque d'altruisme.

 

Ouvrir son cœur à un animal, c'est une source de joie, car il vous aime sans condition, pleinement. Il vous accorde sa confiance, est toujours présent lorsque vous avez besoin de réconfort.

 

 

 

Un proverbe péruvien a tout compris de cette relation : « Les animaux sont les anges de cette terre. » Rien n'est plus vrai.

 

 

 

Il est très difficile de décrire ce bonheur que leur contact procure, on ne trouve pas les mots. C'est une sorte de proximité, d'osmose, d'union, de sérénité partagée. Il y a un fluide, une grande bouffée d'amour qui passe lorsque le contact physique s'opère, lorsqu'un regard s'échange. C'est aussi donner un peu de soi pour l'autre : il faut s'en occuper, lui donner de son temps, le nourrir, le tenir propre. 

 

Lui assurer une vie matérielle, le comprendre, parler son langage, utiliser les mots qu'il connaît et décrypter ses attitudes, c'est aussi l'aimer.

 

Quand on évoque la sérénité et la recherche du bonheur, on parle beaucoup de méditation et d'introspection, car la solution est en soi.

 

« Cultivons notre jardin » disait Voltaire. Rien ne sert de courir en quête de bonheur si on peut le trouver chez soi.

 

 

 

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Notre jardin intérieur est un espace infini dans lequel on met tout de nous même : ce et ceux qu'on aime.

 

La méditation permet de le visiter, d'y planter des nouvelles structures, d'y arracher des mauvaises herbes, d'y semer de belles fleurs…

 

On laboure, on sème, on récolte et on recommence, à condition de toujours s'améliorer.

 

 

 

Et le temps passe...Inexorablement, emportant chaque année son lot de souvenirs heureux ou malheureux.

 

Lorsqu'on songe au tourbillon vertigineux de la vie qui s'accélère toujours davantage à l'approche de la bonde, un goût d'amertume supplante l'impression de bonheur. Et pourtant !

 

 

 

Prendre de l'âge, c'est grandir. Les âges qui s'accumulent constituent un immense réservoir de richesses et d'expériences accumulées avec ses réussites, ses erreurs qui sont autant d'apprentissages.

 

Inutile par contre, d'explorer ce passé qui doit être digéré et assumé : « Un esprit surchargé de passé est toujours en peine. » (2) Vivre, c'est avancer sans cesse.

 

 

 

Le passé doit servir à comprendre le présent : il ne doit pas être nostalgique, synonyme de regrets, laisser un goût amer, aigrir le caractère, ternir ou obscurcir notre lucidité.

 

On ne revient pas sur un événement passé : son caractère inéluctable doit en faire une feuille bercée au gré du vent, rien de plus.

 

Il a fait de nous ce que nous sommes, nous nous sommes construits sur ses bases, mais on ne recule pas sur le chemin de la vie, on avance.

 

Tout doit être mis en œuvre pour y puiser résilience et force.

 

Le devoir de mémoire est autre chose : il doit servir le futur, témoigner pour qu'on ne recommence pas les mêmes erreurs. Il doit être un étendard qui claque dans le vent, et qui porte loin l'espoir de paix des Hommes de bonne volonté.

 

 

Avancer, c'est chaque fois franchir une étape sur le chemin de la vie, et à chaque âge correspond une évolution importante dans la connaissance de soi et des autres.

 

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Dans la tradition hindouiste, il existe ainsi quatre étapes de réalisation de soi : on peut voir que le bonheur évolue dans des centres d'intérêt différents selon les âges de la vie.

 

Le bonheur, c'est accepter de franchir ces étapes, d'en être conscient, pour jouir pleinement de ce qui est promis.

 

 

Tout naturellement, abordons l'ultime étape : celle décrite par les hindouistes comme « la liberté spirituelle du cycle des morts et des renaissances ».

 

 

 

La mort serait angoissante si elle représentait une fin, mais elle est tout sauf une fin.

 

Première chose : il est inutile de s'en détourner par le fait même qu'elle est inéluctable : Jean de La Fontaine disait très justement :

 

« La mort ne surprend point le Sage. »

 

 

 

La mort est un passage d'un état à un autre : une porte vers un autre espace-temps, elle détruit simplement la présence matérielle de l'être, pas ce qui est immatériel.

 

On peut donc craindre l'absence, le manque de l'être cher, pas sa disparition, pas de l'avoir perdu pour toujours.

 

Il arrive de douter, croyant ou pas, mais toujours la raison reprend ses droits :

 

 

 

Il existe bel et bien une autre vie après la mort : de trop nombreux témoignages l'attestent, entre les âmes qui errent, les entités qui rentrent en contact avec les vivants, le sentiment d'être protégé. Tout concorde dans le même sens. Au moment du passage, quelqu'un qu'on a particulièrement aimé vient vous chercher pour vous guider…

 

Pourquoi avoir peur ? Pourquoi craindre ce moment ?

 

 

 

Tous ceux qui ont témoigné après une expérience de « mort imminente » l'ont confirmé : le bien-être vous enveloppe lorsque vous quittez votre corps.

 

 

 

Attention : aucune religion n'entre en ligne de compte ici. Certains religieux y voient la preuve de l'existence de Dieu. Chacun y voit ce qu'il veut : athées comme croyants. Ce phénomène n'est que « récupéré » par ceux qui ont la foi.

 

 

 

D'ailleurs ce qui se passe remonte aux origines de la vie, les religions elles, sont bien postérieures, et sont nées à partir de ces manifestations qui deviendront ensuite « divines » une fois récupérées.

 

 

 

Tous les médiums ne sont pas des charlatans. Des personnes ont gardé des facultés intuitives animales que d'autres (la plupart) ont perdu au fil de notre évolution d'homme.

 

Ces médiums entrent en contact avec nos défunts qui décrivent tous ce monde parallèle qui n'est que paix et douceur. Les animaux décrivent le même lorsqu'il s'agit de communication avec un animal mort. Celui-ci ne part jamais seul de cette terre : il est accompagné par des congénères « qui viennent le chercher ».

 

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Cette « prière » amérindienne, géographiquement lointaine, culturellement éloignée, traduit parfaitement ce que les médiums transmettent : elle montre que cette croyance est universelle, qu'elle marque de son empreinte toutes les cultures sans exceptions.

 

 

« Quand je ne serai plus là, lâchez-moi.

 

Laissez-moi partir

 

Car j'ai tellement de choses à faire et à voir.

 

Ne pleurez pas en pensant à moi.

 

Soyez reconnaissants pour les belles années

 

Pendant lesquelles je vous ai donné mon amour.

 

Vous ne pouvez que deviner.

 

Le bonheur que vous m'avez apporté

 

Je vous remercie pour l'amour que chacun m'a démontré.

 

Maintenant, il est temps pour moi de voyager seul.

 

Pendant un court moment vous pouvez avoir de la peine.

 

La confiance vous apportera réconfort et consolation.

 

Nous ne serons séparés que pour quelque temps.

 

Laissez les souvenirs apaiser votre douleur. Je ne suis pas loin et la vie continue.

 

Si vous en avez besoin, appelez-moi et je viendrai.

 

Même si vous ne pouvez me voir ou me toucher, je serai là,

 

Et si vous écoutez votre cœur, vous sentirez clairement

 

La douceur de l'amour que j'apporterai.

 

Quand il sera temps pour vous de partir,

 

Je serai là pour vous accueillir,

 

Absent de mon corps,

 

N'allez pas sur ma tombe pour pleurer,

 

Je ne suis pas là, je ne dors pas.

 

Je suis les mille vents qui soufflent,

 

Je suis le scintillement des cristaux de neige,

 

Je suis la lumière qui traverse les champs de blé,

 

Je suis la douce pluie d'automne,

 

Je suis l'éveil des oiseaux dans le calme du matin,

 

Je suis l'étoile qui brille dans la nuit.

 

N'allez pas sur ma tombe pour pleurer

 

Je ne suis pas là, je ne suis pas mort. »

 

 

 

 

 

 

 

La mort serait angoissante si elle signifiait « ne plus vivre » mais ce n'est pas le cas. On abandonne son enveloppe corporelle, sa dépouille terrestre pour devenir un esprit, une entité spirituelle.

 

Ce corps est-il si important pour vous dès lors qu'il vieillit ou qu'il vous transmet une génétique dont vous vous passeriez ?

 

La terre est-elle si réjouissante : guerres, crises économiques, risques naturels, épidémies ?

 

Si on n'avait pas des choses belles à regarder et de l'amour à donner : la vie vaudrait-elle la peine d'être vécue ?

 

Ces choses belles à regarder, et cet amour, vous l'aurez au centuple : alors pourquoi avoir peur ?

 

 

Ovide avait compris lorsqu'il précisait : « La mort est moins cruelle que la crainte de la mort ».

 

 

 

La mort n'en demeure pas moins mystérieuse et inconnue, donc source de crainte, pour les esprits cartésiens.

 

 

 

« Cartésiens » ? : adjectif construit à partir du patronyme du mathématicien Descartes capable d'écrire ceci dans la Vème partie du discours de la Méthode, (repris par Matthieu Ricard dans son plaidoyer pour les animaux) :

 

« Les animaux ne sont que de simples machines, des automates. Ils ne ressentent ni plaisir, ni douleur, ni quoi que ce soit d'autreBien qu'ils puissent pousser des cris quand on les coupe avec un couteau, ou se contorsionner dans leurs efforts pour échapper au contact d'un fer chaud, cela ne signifie pas qu'ils ressentent de la douleur dans ces situations.»

 

 

 

 

 

 

 

A la lecture de ce passage, je me trouve bien heureuse de ne pas posséder un esprit cartésien.

 

 

 

 

 

 

 

L’hindouisme aborde aussi la question des renaissances.

 

La mort n'est pas une fin, c'est une étape nécessaire à un recommencement vers un accomplissement toujours plus parfait.

 

Il arrive qu'à certains moments de sa vie terrestre, le voile se déchire et laisse apparaître des vies antérieures. C'est ce qui m'est arrivée entre 30 et 40 ans.

 

Cette découverte vient étayer la connaissance de soi et procure, je dois le dire, un certain bonheur.

 

Angoissante cette question de la réincarnation ? Elle peut l'être si on n'a pas atteint la Sagesse dans cette vie présente. Il faut tout faire pour s'en rapprocher le plus possible par l'altruisme, par la mesure en toute chose, par l'élimination des sentiments qui nous pervertissent comme la colère, la jalousie, la haine…

 

C'est non seulement trouver le bonheur, mais s'assurer une réincarnation plus sage encore…

 

On peut facilement mesurer où on en est en fonction de ce qu'on éprouve au quotidien, et des défauts que l'on méconnaît. Je suis capable de dire aujourd'hui que je n'ai jamais éprouvé de la jalousie ou de la haine. Par contre, je m'énerve trop souvent, je manque de patience face à des comportements d'incivisme ou des haines comme le racisme ou l'homophobie.

 

L'impossibilité que j'ai de haïr ou de jalouser quelqu'un est un don reçu à ma naissance. Ce n'est ni un don de Dieu, ni celui d'une fée penchée sur mon berceau, ni un héritage familial, c'est une résultante de mes vies passées, une évolution de mon Karma.

 

J'en suis là de mon parcours, et je ne dois pas avoir peur de le « poursuivre » même si j'ai peu de chance de le « terminer ».

 

On peut y croire… ou pas. L'important est de se dire que la démarche qui consiste à faire des efforts dans l'amour des autres, et à tendre vers la Sagesse, rend heureux, incontestablement.

 

 

Certains recherchent dans les religions la sérénité et le bonheur. Ils le trouvent...ou pas.

 

 

 

Je pense personnellement, et c'est la théorie bouddhiste, que le bonheur et la Sagesse ne résident pas en Dieu, mais en nous même, et dans l'amour des autres.

 

Quand on trouve son bonheur dans une religion c'est qu'on a été capable d'en dépasser l'étroitesse, l'obscurantisme, qu'on y a vu qu'amour et paix.

 

« Si un homme parvient au cœur de sa propre religion, il se trouve de ce fait, au cœur même des autres religions. » (12)

 

 

 

Une religion peut être aussi l'incarnation du Mal sur Terre dès le moment où on croit détenir la vraie, et qu'on tue en son nom.

 

Le sectarisme est un obstacle à l'ouverture vers les autres, et à l'altruisme. Comment être heureux quand on n'est que haine, et que l'on verse le sang des autres ? Comment être heureux lorsqu'on empêche des hommes et des femmes de vivre librement leur amour ? Comment trouver le bonheur avec des principes préétablis, des jugements sur autrui ? Sur ce qui doit être ou ne pas être ?

 

 

 

 

 

 

 

Pour être heureux, il ne faut jamais se laisser gagner par la haine, par la violence, et toujours se poser la question de savoir d'où viennent ces sentiments qui vont nous détruire, anéantir notre entourage et les autres.

 

 

 

 

 

Seule la méditation peut permettre d'en connaître les racines, le fondement.

 

Je veux me venger de quelque chose ? D'une vie qui ne me convient pas ? D'un environnement qui ne me correspond pas ? Il n'y a pas de sentiment plus abjecte que celui-ci. Il rend très malheureux et entraîne des drames.

 

Le désir de vengeance anéantit celui qui l'éprouve, car jamais il ne sera assouvi, c'est une quête dont on ne voit pas la fin. Il ne détruit vraiment que celui qui s'en sert.

 

 

A mesure qu'on avance dans le processus d'introspection, dans cet ouvrage qui a pour but d'éveiller notre conscience, j'entends d'ici les paroles défaitistes qui consisteront à dire qu'on flotte dans un univers de bienheureux, d'évaporés, d' inconscients, de doux illuminés, loin des préoccupations de chacun, et des réalités du monde.

 

Je pense exactement le contraire : on est au cœur de la société, on vit ce que tout un chacun vit, c'est juste qu'on le vit autrement, on démonte notre fonctionnement pour en comprendre le sens, et avancer de façon plus lucide, en se débarrassant des mauvaises pensées qui empoisonnent notre raisonnement.

 

C'est un travail sur soi uniquement. Pas un repli, non, une introspection chaque fois qu'un choix s'impose, qu'un deuil survient, qu'un différent, une déception entravent le cours de notre existence.

 

Rappelons-nous de cette parole de Bouddha au départ de toute démarche :

 

 

 

« Soyez à vous-même votre propre lampe ».

 

 

 

Le Bouddhisme n'est pas une religion, il n'y a pas de dieu, c'est une philosophie, un mode de pensée qui mène à la sérénité.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Bibliographie :

 

 

 

 

 

 

 

Aux sources nommées ci-contre, réparties dans le texte ou sur les dessins, il faut ajouter les ouvrages de Matthieu Ricard :

 

« L'art de la méditation »

 

« Plaidoyer pour les animaux »

 

« Plaidoyer pour le bonheur »

 

 

 

« les enseignements du Bouddha » chez librio spiritualité, « le bouddhisme pour les nuls ».

 

« Communiquer avec les animaux » Leïla Del Monte

 

« Du bonheur, un voyage philosophique » de Frédéric Lenoir 

 

 

 

 

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 FIN

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



30/10/2015
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